La fin des abeilles

 La fin des abeilles de Caroline Lamarche publié chez Gallimard et en format poche chez Folio 

Résumé : "Ainsi j'étais née, moi, un jour de neige et de gel et ma mère allait mourir un jour de neige et de gel." Une nuit, la narratrice rêve que sa mère parcourt à pied dans l'obscurité les cent kilomètres qui les séparent. Ce rêve la presse de renouer avec sa mère un contact qui a toujours été difficile. Pendant cinq ans, elle lui rend visite chaque semaine dans la grande maison familiale. Elle suit au fil du temps le vieillissement qui s'accélère, le renoncement aux activités familières et la perte d'autonomie, jusqu'au placement dans un établissement de soins. Avec ardeur et finesse, Caroline Lamarche déroule la chronique d'une fin de vie qu'elle aurait aimée différente.

Mon avis : une magnifique ballade, la fin du chemin pour une mère et sa fille. A la base, une famille, les choses et les présences manquent d'espaces. Les "phrases définitives" qui tombent comme un rappel ou comme une confirmation que le rapport ne change pas. L'envie que tout s'arrête pour l'une ou pour l'autre.

Un temps pour se remémorer le passé, un autre pour explorer l'image de sa mère dans le regard des autres. Et puis, tout disparaît comme s'il était temps. Partir sans déranger, partir sans oublier.

Y a-t-il un acharnement à vouloir garder près de soi le poids d'une vie ?

Comment vaincre la peur de se sentir de trop dans une société qui s'active à coups d'échéances ?

Il y a certainement un moment pour la résistance, chercher la comparaison, se préoccuper des autres.

Il y a un moment pour se préparer à partir, vouloir retrouver une sérénité et ne pas avoir peur que la sanction soit la même pour tous. Vivre pour toujours sans laisser de traces et surtout transmettre une personnalité que personne ne peut égaler.

Caroline Lamarche partage avec émotion la personnalité d'une femme qui ne veut pas être un poids et celle d'une femme qui ne sait pas quand le mot fin est admissible. Tout disparaît et tout revient comme l'image des enfants que nous sommes, orphelins, lors du départ d'un parent.