J'ai terminé ma lecture du nouveau roman de Emma Becker, Le mal joli publié chez Albin Michel.
" Cher Emma, j'écoute depuis ce matin, presque en boucle, Du bout des lèvres. Je ne connaissais pas cette chanson de Barbara et c'est un petit bijou, qui m'a - à plusieurs reprises - rougi les yeux... "
C'est à la page 138 que je plonge dans l'histoire. Il y a cette chanson qui se glisse :
Je vous dirai du bout des lèvres
Je vous aime du bout du cœur
Et nous pourrons vire mon rêve
Mon rêve
Emma, dans "Le mal joli" est une écrivaine, mariée avec des enfants. Elle a un ou des amants, des hommes qui passent sans réel intérêt. Puis un jour, elle craque pour un écrivain : Antonin.
C'est une histoire, un jeu qui commence. Emma est la femme aux désirs avoués et assumés, il y a cette liberté de ressentir. Et si, ressentir, l'enfermait dans une prison où se bousculent les sentiments ?
Je me suis régalée dans ce roman. Les premiers moments d'une relation, l'instant magique où la pudeur et l'envie se percutent inlassablement jusqu'au dévoilement.
Les corps, la vérité ? Peu importe. On s'habitue à la fatalité des choses.
Dans ce livre, Emma démontre combien c'est enrichissant et polluant d'avoir son jardin secret.
La maturité des sentiments, c'est un mélange de respect et d'innocence. Ce sont les mots que l'ont ne prononcent jamais pour ne pas blesser ou pour ne pas perdre la magie de l'histoire.
Une femme, dans le corps d'une mère et d'une maîtresse ? C'est tellement encore difficile à imaginer dans une société qui s'étouffe de règles. Cela dérange ? Peut être !
"Alors je ne réponds pas, et ces quelques heures que je passe à me taire sont une telle torture pour moi-même que j'écris, dans mes notes, des portraits agacés d'Antonin, j'essaie de le réduire au personnage qu'il a été, une véritable caricature, avant que mon obsession de lui le change en être humain. Et je rationalise tout en me disant que c'est ça que j'aime chez lui, son personnage, ce qu'il représente, le côté clinquant tape-à-l'œil, de cet amant bien né, qui comme tous les messieurs élégants chuchote pour parler à sa maîtresse, essaie de réduire aimablement la tentation de l'envahir.....
.....Et la soirée en famille brusquement est plus douce, qu'Antonin aille se faire foutre, sans doute qu'une de ces dondons à voilettes s'occupera de lui mieux que moi, et de toute façon j'ai mieux à faire, j'ai des enfants à élever et un mari qui me baise bien, d'ailleurs ce soir je baise et ça lui fera les pieds, je jouis deux fois et j'espère que ça lui coupe à distance l'envie de commander un Colonel - et malgré tout ça, je passe une nuit épouvantable, sans cesse réveillée par l'absence de message d'Antonin. "
Il pourrait y avoir des citations à répétitions du livre d'Emma Becker. Il y a ces images tellement parlantes de la place d'une femme, d'une mère dans un monde qui est toujours à la recherche d'un coupable.
Chacun est certainement coupable d'aimer ou de se désintéresser, de rejeter la faute sur l'autre, de prendre peur, de trahir, de se donner pleinement ou de s'assumer.
Pour qui ou pour quoi ? C'est la grande question.
Certainement qu'Antonin et Emma savaient que le temps était compté !
Je relirai certainement encore ce livre d'Emma Becker dans quelques années.
Christine
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