La mort intime de Marie de Hennezel
Marie de Hennezel est psychologue clinicienne. Elle s'est engagée dans les problématiques de fin de vie. Impliquée dans la première unité de soins palliatifs en France. Ce livre rappelle que Les mourants sont des vivants jusqu'au bout .
Le sens de la vie ?
Être près de la mort, c'est prendre conscience que la vie est partout : en soi, chez les autres. Elle est en nous et autour de nous. La vie est là.
Les mourants démontrent la vie au dernier instant : le regard, le geste. La présence, c'est la vie.
A la dernière minute s'affiche une certaine conclusion.
La mort ?
Intégrer à la vie . La mort est une fin pour tout être humain tant qu'il a la conscience que vivre c'est bouger, rire, parler ou dormir.
Un rythme sans fin, sans arrêt, sans peur de l'absence. La mort fait peur. Elle est le reflet du « rien » et nous ne pouvons l'envisager.
Au rythme des pages, Bernard, Patricia, Jacques, Dominique et bien d'autres partagent par le biais de Marie de Hennezel : la fin.
La conspiration du silence
Les mots sont tellement bien choisis par l'auteure pour vivre
l'accompagnement. Il est un chemin difficile mais sincère. Les soins palliatifs font peur. Ils sont synonymes de mort et pourtant même si l'issue est pour chacun le basculement fatal, le soin palliatif est un accompagnement afin d'apporter le confort et la dignité que chacun mérite, le nier c'est repousser la réalité. L'accepter, ce serait s'occuper de soi avec l'aide des autres avant de partir, un jour.
On tente, par peur, de reculer l'échéance. Chasser la peur de la
séparation et de la mort. L'entourage se retrouve dans une telle difficulté d'aider ou même d'acceptation, non pas de la maladie mais de l'issue qu'elle se retrouve au sein de cette conspiration du silence. Nier l'issue, croire en autre chose, peu importe tant qu'il ne s'agit pas de ce mot terrible.
Nous ne sommes jamais sûrs de revoir la personne.
Le personnel soignant se doit être solidaire, à l'écoute, présent afin de trouver le moyen de soulager la maladie. Le médecin, certainement le premier pilier qui doit garantir une guérison réalise une toute autre approche. Non cette fois, il n'empêchera pas la mort mais il se doit de soulager son patient. La mort, c'est certainement l'inconnue du médecin.
Le personnel accompagne mais il ne peut combattre la fin dans un service de soins palliatifs.
Je ne sais pas tout mais on a le droit de se poser cette question
Demander du temps, du temps pour être prêt, du temps contre la mort.
C'est souvent la recherche du patient qui accepte l'idée de la fin. La pire solitude pour un mourant est de ne pouvoir annoncer à ses proches qu'il va mourir. Devant le refus de l'entourage d'admettre ce qu'il se passe, comment une personne se sent-elle ne pouvant verbaliser sa peur, ses craintes, ses envies ou l'acceptation que sa présence est une question de temps ?
C'est la confusion mentale, le délire, la douleur. La communication n'est plus réelle. Il n'y a que la maladie : croire au miracle, croire en l'inconnue, déballer des maux pour faire vivre la maladie.
Est-ce que parler de la mort peut soulager le malade comme la famille ?
Dire : Je vais mourir délivre du non-dit aux autres, ceux qui peuvent
l'entendre. L'unité de soins palliatifs se doit d'allier la compétence technique avec la compétence humaine. Soigner une personne avant de soigner un symptôme et accompagner le malade jusqu'au bout dans la dignité.
Être ensemble.
Les patients se rapprochent du personnel médical parce qu'il est plus facile de mettre des mots sur ce que l'on ressent aux autres et non à sa famille de peur de leur faire de la peine. Alors, on s'accorde du temps.
Perdre son temps.
L'accompagnement, veiller un mourant, l'auteure et la psychologue le nomme :
La rêverie maternante. L'on échange le rêve d'un départ en bateau ou sa propre vision en un corbeau, dans une atmosphère tout de même lourde, tendue et triste au milieu du silence et de la paix. Il y a l'écoute et le partage.
Le mieux de la fin
Le mieux de la fin, ce sont deux pensées personnelles :
Je sais que je vais mourir et la mort n'existe pas.
Partir dans l'acceptation et la fausse contradiction comme pour choisir dignement le moment. Ne pas être entouré d'un personnel mais de personnes qui ne savent pas si demain il sera toujours là. Tout se dire sans vraiment le comprendre, verbaliser pour accepter et accepter pour choisir de gagner du temps ou de le perdre peu importe le mourant est vivant jusqu'au bout.
Être vivant, c'est surtout être humain.
Extrait :
Bien qu'ayant fréquenté la mort quotidiennement, depuis des années, je refuse de la banaliser. J'ai vécu à son contact les moments les plus forts de ma vie. J'ai connu la douleur de me séparer de ceux que j'aimais, l'impuissance devant les
progrès de la maladie, des moments de révolte devant la lente dégradation physique de ceux que j'accompagnais, des moments d'épuisements, avec la tentation de tout arrêter : je ne peux nier la souffrance et parfois l'horreur qui entourent la mort. J'ai été témoin d'immenses solitudes, j'ai senti la douleur de ne pouvoir partager certaines détresses, parce qu'il y a des niveaux de désespoir si profonds qu'ils ne peuvent être partagés.
Il y avait de la douleur, certes, mais il y avait aussi de la douceur, souvent une infinie tendresse. Je découvrirais que l'espace-temps de la mort est, pour ceux qui veulent bien entrer et voir au-delà de l'horreur, une occasion inoubliable d'intimité.
Marie de Hennezel (La mort intime)
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